Depuis plusieurs années, parallèlement à mon travail de dessin et de sculpture, j’écris un livre sur mon père, le musicien Iannis Xenakis. J’y reprends la structure du livre que j’ai fait sur Louise Bourgeois, en 1998 : « L’aveugle guidant l’aveugle » pour tenter de comprendre la genèse de l ‘œuvre.
Puis j’y ajoute un chapitre plus personnel sur « Le père » et enfin, termine par un épilogue où je rends hommage à Louise Bourgeois en reprenant notamment cette sculpture si importante à ses yeux d’ "Œdipe guidé par Antigone" qu’elle croisait régulièrement lors de ses études au lycée Fénelon.
Je montre à qu’elle point Louise ne réalisait pas à quel point ce que cette sculpture pouvait aussi représenter à mes yeux par rapport à mon père.
Pendant l’été 2013, je me replongeais dans la lecture d’ Œdipe de Sophocle.
Depuis toujours Antigone représentait à mes yeux le courage de désobéir à la loi, au risque de perdre sa propre vie. Afin de créer, pour son frère, une sépulture ne serait-ce que symbolique. Dans cet acte, elle nous différencie de l’animal et nous montre l’importance que le rituel d’une sépulture, quel qu’il soit, est fondamentale pour un homme lors de son passage de la vie à la mort.
Hors, je découvrais à quel point, Antigone, malgré son grand courage avait finalement obéi aux ordres de son père, Oedipe puis de son frère Polynice en choisissant la mort.
Je décidais alors de lui proposer un autre destin en la séparant de tous ces hommes et en lui rendant la vie en l’installant face à la beauté de la nature…
Ce n’est que plus tard, en rentrant à Paris que je réalisais ce que je venais de faire…
Mon père avait souhaité que l’on disperse ses cendres dans la méditerranée. Il se trouve que c’est dans ce golf, là qu’elles reposent.
Antigone veille maintenant sur les cendres de mon père…